Introduction
Nous allons aborder dans cet article l’addiction au sexe et l’hypnose. Tout d’abord définir l’addiction en général et les spécificités de l’addiction au sexe. Nous recenserons ensuite les symptômes habituels de l’addiction au sexe, les causes profondes et les prédispositions. Puis, nous évoquerons comment l’hypnose peut s’avérer un moyen efficace pour faire disparaître ou transformer cette dépendance nuisible.
De nombreux addictologues estiment que l’on peut parler d’addiction au sexe comme d’une addiction aux drogues (alcool, cannabis, cocaïne etc.) Il n’y a pas de susbstance, d’objet addictionnel aussi utilise-t-on le terme d’addiction comportementale.
Pourtant déjà, en 2001, dans l’article de Science, « Behavioral addiction, do they exist ? ») puis en 2002, Marc Valleur et Dan Velea insistaient sur la difficulté à définir ce concept. C’est pourquoi certains spécialistes utlisent le terme de pseudo-addiction.
Il y aurait 5-6 % de la population addict au sexe (soit 4 millions en France à comparer à 7 millions de personnes addict à l’alcool et 13 millions au tabac)
Les personnes concernées refusent en général de regarder en face leur addiction. Parfois c’est le fait qu’elles n’ont plus aucune vie sociale et qu’elles sont dans un mal-être profond qui va les inciter à prendre des mesures. Le plus souvent, c’est le fait d’être découvert qui va les aider à prendre conscience que leur comportement est délétère.
Une définition
Pour définir cette addiction ou pseudo-addiction, j’utiliserai la règle des 5C du Pr Laurent Karila* (https://pums.fr/tous-addicts/conséquences) :
- La perte de Contrôle
- Le Craving : l’envie irrésistible de consommer (pour un produit) ou de pratiquer (pour un comportement)
- Une pratique Continue dans le temps
- Une pratique Compulsive
- Les Conséquences sont connues (mais impossible d’arrêter).
Les symptômes
Comme dans toute addiction, le problème majeur est de définir des critères mesurables alors même que chaque personne est différente. Certains ont des envies sexuelles plus importantes, des limites morales ou physiques différentes alors où se trouve la limite entre un comportement « normal » et un excès qui va tendre vers l’addiction ?
Il ne s’agit pas de juger les pratiques sexuelles de chacun, de remettre dans le droit chemin suivant des règles arbitraires. Il s’agit de trouver une approche « scientifique » afin d’évaluer quand une personne est en risque de souffrance psychique et sociale du fait de ses pratiques sexuelles.
Je propose plusieurs critères usuellement retenus sachant que l’intensité et la multiplication des symptômes sont eux-mêmes des éléments à prendre en compte.
- Masturbation compulsive et chronique : si la masturbation n’est pas un problème par elle-même, la fréquence (parfois de 5 à 15 fois par jour) peut en être un.
- Grande consommation de films X avec même une préférence à regarder du X plutôt qu’à faire l’amour avec son partenaire.
- La réalisation de fantasmes est très influencée par la consommation de films X
- Intérêt important pour le sexe tarifé
- rapports très fréquents avec le même partenaire ou non associés à une pulsion incontrôlable. Plusieurs rapports par jour sans aucun jour d’abstinence dans la semaine peuvent alerter. D’une part, si les partenaires sont aussi sex-addict, il y a un risque d’isolement social et de renforcement de l’addiction. Si l’un des partenaires est addict, la différence de rythme entre les deux risque de rapidement poser des problèmes relationnels.
Comme dans toute addiction, des changements d’humeur sont à noter. L’irritabilité apparait à chaque fois qu’il faut retarder le passage à l’acte. Il s’agit bien d’un phénomène de manque. La personne pense sans arrêt ou presque aux prochaines occasions qu’elle aura de consommer et envisage des stratagèmes, des mensonges pour pouvoir s’adonner le plus rapidement possible à son addiction.
Les causes
Comme dans tout plaisir intense, il y a stimulation dans le cerveau du circuit de la récompense. Il y a alors tentative de reproduction dans la recherche du plaisir et parallèlement le seuil de stimulation augmente ce qui veut dire que l’excitation doit augmenter en quantité ou en qualité pour obtenir la même récompense. C’et le phénomène d’accoutumance. C’est cela qui va inciter certaines personnes addict à multiplier les partenaires, les conduites à risque et la diversité des expériences jusqu’à enfreindre certains interdits moraux et/ou légaux.
Bien évidemment, comme le dit la sagesse populaire « L’occasion fait le larron ». Le fait de donner des téléphones à des enfants, à des adolescents sans aucun contrôle de leur activité sur internet facilite l’accès aux images pornographiques de façon massive et facilite leur addiction. Et plus l’addiction se fait tôt et plus elle s’ancre profondément et devient une véritable seconde nature avec les différents effets pervers qu’elle engendre sur les relations sociales.
A l’âge adulte, les aspects relationnels et bien évidemment la dynamique du couple sont essentiels. La frustration d’un des partenaires ou à l’opposé l’absence de désir, les actes sexuels routiniers, répétitifs, sans imagination ou l’absence de tendresse ou de prise en compte des envies du partenaire mènent à des compensations, à des adaptations dans les pratiques sexuelles. C’est pour cette raison que l’on parle parfois de pseudo-addiction car des modifications de comportement du partenaire, une libido accrue peuvent largement contribuer à une diminution de l’addiction voire à sa disparition.
Il peut aussi y avoir des causes dans le passé qui incitent le sujet à se détourner des émotions difficiles et à préférer des relations sexuelles sans risque d’investissement personnel excessif de peur de souffrir ou de faire souffrir. Les maltraitances dans l’enfance, la peur du rejet, la peur de la transgression sont autant de facteurs à prendre en compte dans les dérives addictives.
L’hypnose dans tout ça ?
Comme dans toutes les addictions, la volonté est d’un faible secours. Les ressources sont à rechercher dans le subconscient et dans l’inconscient. C’est pourquoi dans cet article sur l’addiction au sexe et l’hypnose, nous abordons les caractéristiques de l’hypnose qui permettent de travailler sur les addictions.
De la même façon que la répétition de pratiques nocives au final a ancré des boucles de comportement négatif, l’hypnose va permettre de réactualiser les réactions du sujet en remplaçant ses réflexes conditionnés par des boucles positives qui lui correspondent davantage.
En remettant en perspective les envies (de couple, de famille, de rencontre, de sport, de nature, d’activités diverses, l’hypnothérapie aide à réorganiser les priorités et à y voir plus clair dans ce qui compte vraiment.
La détente profonde, les techniques de PNL permettent d’ancrer des habitudes plus saines, plus désirées, plus variées qui correspondent aux envies du sujet.
Au final, il n’y a rien de magique, il s’agit de réorienter la force de vie du sujet de son addiction vers ses envies.
- En comprenant d’où provient son trouble par une écoute et un dialogue pertinent avec l’hypnothérapeute.
- En reconfigurant les boucles négatives en boucles positives par des techniques variées d’hypnose
- En insufflant une nouvelle dynamique pour le futur
- En donnant des outils d’auto-hypnose pour renforcer les nouvelles habitudes au quotidien.
Une séance « hypnose et addiction au sexe »
Le cadre
- Je ne vais pas vous mentir. L’hypnose ne fait pas maigrir par un claquement de doigt et des gros yeux fixés sur vous.
Par contre, elle permet de modifier des automatismes profondes, d’enlever des blocages qui vont permettre de diminuer les compulsions, de réguler l’appétit.
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L’hypnose n’est pas de la magie, ni du sommeil.
Le bon côté c’est que vous êtes la maîtresse/le maître de ce qui vous arrive durant la séance. Je ne peux pas vous forcer à agir contre votre intérêt.
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Vous avez juste à jouer le jeu.
Vous pouvez accepter mes suggestions ou les refuser. Nous ne sommes pas à l’école. Il n’y a pas de bonne note ou de mauvaise note. Pas de notes du tout car les notes ne servent à rien, en réalité. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise conduite; il y a juste à faire ce qui vous convient sans vous préoccuper du fait que ça convienne à l’hypnothérapeute.
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La profondeur de transe n’a aucune importance
Certaines personnes se souviennent de tout, d’autres de rien. Peu importe. Nous sommes tous différents et ce n’est pas parce que votre mental vous hurle que vous n’arrivez pas à vous détendre et que ça ne va pas marcher et que vous êtes énervé, tout ça ne veut pas dire que ça ne va pas marcher. Ca veut juste dire que vous avez des résistances. Mais si vous n’en aviez pas, vous ne seriez pas dans mon cabinet à traiter votre problème, n’est-ce pas ?
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La confiance est un atout majeur.
C’est pour cela qu’on vient souvent voir un hypnothérapeute qu’une amie nous a conseillé. C’est un travail en équipe que nous faisons, vous avec avec votre motivation et votre connaissance du problème, moi avec des techniques adaptées pour modifier certains automatismes.
L’anamnèse
L’anamnèse c’est le gros mot fourre-tout pour parler de la discussion à bâtons rompus qui vous permet d’exprimer votre besoin, votre objectif, vos tentatives et vos difficultés à l’atteindre, vos atouts et vos faiblesses.
C’est l’occasion de cibler précisément ce que vous êtes venus chercher dans la séance grâce à un entretien personnalisé. De remonter à vos obstacles conscients et inconscients grâce au regard extérieur de l’hypnothérapeute, de mieux comprendre les liens entre votre histoire, votre environnement, vous et votre problème.
C’est le moment de mettre le doigt sur vos contradictions, sur les incompatibilités invisibles entre votre objectif et votre système de valeurs, sur les avantages cachés que peut recéler votre conduite addictive. Que recherchez-vous ? Que fuyez-vous ? Qu’est-ce qui ne vous convient pas dans votre activité sexuelle en particulier et peut-être dans votre vie en général ?
Induction et plateau thérapeutique
Je peux utiliser du jargon pour paraitre professionnel. Ou alors des mots simples pour vous montrer que ce que nous allons faire est largement à votre portée.
C’est le bon timing, votre motivation, votre sincérité, mon ressenti acquis au long de nombreuses séances, l’adaptation au plus proche de votre problème qui vont nous permettre de résoudre votre problème.
Nous allons utiliser dans l’ordre ou dans le désordre :
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des techniques de respiration
La respiration a ceci d’irremplaçable qu’elle est permanente. En y associant du positif, en forçant l’esprit à conscientiser les bienfaits de ce phénomène permanent, vous installez de la détente, de nouvelles possibilités, la conscience de votre capacité au changement.
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des associations d’idées
Métaphores, suggestions composées ou autres vont permettre au cerveau de lui insuffler de nouvelles propositions, d’effectuer des raccourcis ou même de poser des sens interdits.
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des ancrages physiques ou psychiques
Le corps et l’esprit sont si liés qu’en agissant sur le corps tout en prononçant certaines paroles, on modifie les émotions associées à certains souvenirs.
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des techniques de visualisation
Pensée positive ou pensée d’aversion, la pensée visuelle permet de conforter ou d’éviter certains chemins, certains automatismes
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des techniques de répétition accélérée
Une mauvaise habitude dont on n’arrive pas à se débarrasser c’est toujours quelque chose qu’on a beaucoup pratiqué et qui a la force de l’habitude. Nous utilisons des techniques similaires positives afin d’installer des bonnes habitudes.
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des techniques de perturbation
Celles utilisées en spectacle pour faire rire la galerie. Dans notre cas, il s’agit de créer un trouble momentané afin que de nouvelles façons de procéder puissent s’installer facilement dans votre mode de fonctionnement quotidien.
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des ressources d’autohypnose
Mon objectif est de vous donner un maximum d’atouts pour renforcer par vous-même tout ce travail effectué en équipe.
C’est l’ensemble de toutes ces techniques, avec des changements de rythme, des variations vocaliques et sonores, au bon moment qui va permettre un changement en profondeur de votre mode de fonctionnement.
Tudual
quelques articles pour approfondir la compréhension de l’hypnose :